Après une soirée du Nouvel An fêté à bord du voilier Quasar sur Moorea, avec nos amis Yann & Laura, il est temps de se prévoir un petit retour à la marina Taina, sur Tahiti. Pas forcément notre stop préféré, mais c’est pour une bonne raison : mettre en vente notre voilier. Entre temps, nous en profitons aussi pour découvrir les multiples facettes de l’île par la terre. Zoom sur la côte est de Tahiti Nui (la grande île) !
Plutôt les côtes est, nord et nord-est géographiquement mais « côte est », c’est l’appellation couramment utilisée dans les guides touristiques pour englober toute cette partie du littoral.
C’est le 2 janvier que nous revenons dans le lagon à l’est, par la passe de Taapuna. Nous jetons l’ancre près de la marina Taina et commençons à mettre en vente notre cher bateau (on vous en dit plus dans un futur article). Nous en profitons également pour visiter un peu plus en profondeur Tahiti, souvent oubliée des circuits courts touristiques au profit des autres îles de l’archipel, comme sa voisine Moorea ou encore la lointaine Bora Bora.
Nous avons eu la chance pour cela de récupérer une voiture pendant tout le mois de janvier, grâce à nos amis Vlad & Ondine, qui habitent sur l’île et qui sont rentrés en métropole pour un mois. Ils nous ont gentiment laissé leur véhicule, une aubaine pour partir vadrouiller ici, car sans, on se retrouve vite bloqués !
Nous prendrons évidemment plusieurs jours pour visiter la côte, nous n’avons pas découvert tous les sites en une seule journée. On vous énumère ci-dessous les lieux qui nous ont le plus marqués, vers le nord puis vers l’est.
Note : En ce qui concerne la ville de Papeete, on vous en parle dans notre » Visite de Papeete, la capitale de la Polynésie française » !
Montée jusqu’à un joli point de vue sur Moorea
Aujourd’hui, mission : atteindre un belvédère qui domine la ville de Pirae au nord-est. La petite route plonge vers le cœur de Tahiti et nous ressentons rapidement la fraîcheur des alentours, plus nous nous élevons en altitude. L’air se fait pur, nous quittons la civilisation animée du littoral pour nous retrouver rapidement entourés de silence et de verdure.
Apercevant des voitures garées de temps à autre sur le bas côté et quelques promeneurs motivés sur cette route sinueuse, nous décidons nous aussi de nous garer pour continuer à pied. Bon, je me suis un peu mélangé les pinceaux dans les distances indiquées sur l’application Maps.me. Il nous restait beaucoup plus d’un kilomètre à pied pour atteindre le point de vue, et nous n’étions pas non plus partis pour une grosse randonnée.
Nous continuons donc la montée en voiture, désireux tout de même de pouvoir admirer la vue depuis ce fameux belvédère. Nous arrivons à un parking auprès d’un restaurant – un restaurant de fondue et plats de montagne! –, amusant alors que nous sommes désormais à plus de 600 m au-dessus du niveau de la mer. L’endroit définit également le départ de la randonnée connue et assez corsée pour grimper jusqu’au sommet du mont Aorai. Il culmine à 2 066 m (déjà une belle bête…), juste derrière le mont Orohena,le plus haut de Tahiti et même de l’ensemble de la Polynésie française, qui lui, atteint les 2 241 m !
Il est bien trop tard pour commencer ce parcours aujourd’hui, parmi les grands classiques de l’île. De toute façon, même si nous étions à la bonne heure, je ne sais même pas si je me lancerais dedans… Il y a plus de 10 km de randonnée et 7 à 10 h de marche. Dans tous les cas, cela me semble bien difficile pour moi qui n’ait pas du tout l’entraînement physique pour une telle ascension. Nous la gardons dans un coin de notre tête mais il va falloir sérieusement s’échauffer avant sur d’autres promenades moins physiques et préparer nos jambes au cas-où…
Retour un peu sur nos pas, sur le tournant précédent de la petite route goudronnée. Nous voici sur une belle esplanade de terre battue, où la vue qui s’étale devant nous vaut en effet le déplacement !
Pointe Vénus : plongée dans l’histoire de l’île
La pointe Vénus est un véritable monument historique, dans tous les sens du terme. Elle a d’ailleurs été récemment aménagée via une agréable promenade qui permet ainsi de remonter dans le temps et de faire connaître à chacun les différents événements importants qui s’y sont déroulés.
Parlons d’abord de la grande baie de Matavai, à l’ouest de la pointe. Car c’est là qu’aborda le premier navigateur européen, l’Anglais Samuel Wallis en juin 1767, à bord du Dolphin. Le Français Louis Antoine de Bougainville, avec la Boudeuse et l’Etoile, découvrira l’île un an plus tard (il croira être le premier). Lui en revanche, est entré dans le lagon par la passe Tapora (aussi appelée passe de la Boudeuse) plus à l’est, en face du village Hitia’a.
Encore un an après, à Matavai, ce fut le capitaine britannique James Cook qui effectua la mission qui donna son nom à la pointe. En effet, il mouilla ici en avril 1769 avec son navire l’Endeavour, et c’est là qu’il observa avec un astronome le passage de la planète Vénus devant le Soleil.
On vous donne plus de détails sur la découverte de la Polynésie par ces explorateurs dans notre post « Moorea, découverte de l’île sœur de Tahiti » !
Ensuite, le lieutenant William Bligh, commandant du trois mâts la Bounty, relâcha ici en 1788 le temps de faire un avitaillement de fruits et légumes, et surtout de plants d’arbre à pains, pour en faire profiter les colonies des Antilles. Dès que le navire reprit la mer, le second, principale victime des fureurs du capitaine, organisa une mutinerie. D’un côté, Bligh et une vingtaine de marins furent débarqués dans une chaloupe et réussirent à gagner une île d’Indonésie (à plus de 6 000 km en pleine mer). De l’autre, le second et les mutins restèrent soit à Tahiti, soit allèrent se réfugier sur l’île de Pitcairn.
Plus tard, en mars 1797, c’est sur la plage de sable noir de la pointe Vénus que sont arrivés les premiers missionnaires protestants, envoyés par la London Missionary Society, à bord du navire The Duff. La diffusion du christianisme commença, à travers les îles et archipels de Polynésie française et au-delà.
Enfin, il ne faut pas manquer le beau phare blanc qui trône sur la pointe, érigé en 1867. Ce fut le premier du Pacifique Sud et c’est toujours le seul sur Tahiti. De nos jours, il est également utilisé pour la navigation aérienne. La petite anecdote le concernant, c’est qu’il a été peint sur ses quatre faces durant la Seconde Guerre Mondiale avec des dessins de feuilles de cocotiers et de végétaux. Les habitants voulaient le dissimuler aux ennemis et notamment à la flotte japonaise. Dressé à l’époque au milieu d’une cocoteraie, il était ainsi invisible.
En dehors de ce circuit historique très instructif, la plage de sable noir en elle-même est très attrayante. On peut y paresser sans problème (en évitant juste le soleil, pas seulement pour la peau mais aussi parce qu’il rend le sable vite brûlant!). Quelques surfeurs débutants et enfants jouent dans les vagues, cela nous avait bien tenté sur le moment – nous sommes des grands débutants en surf –, mais nous n’avions pas notre planche en mousse avec nous.
Note : La baie de Matavai est aussi un mouillage pour bateau, cependant, la saison cyclonique n’est pas vraiment la bonne saison pour en profiter, en raison de la houle dominante.
Motu Martin
Maintenant, place au sport ! Au sport nautique bien sûr, on ne va pas changer les bonnes habitudes. Nous utilisons avec plaisir la voiture pour nous rendre jusqu’au spot de kitesurf du motu Martin, situé au nord de l’île, à l’est de la pointe Vénus.
Ce spot est bien orienté, pratique bien que très fréquenté, surtout le week-end. Je n’ai pas l’habitude de naviguer avec autant de kitesurfeurs en même temps ! Il faut réussir à se trouver sa ligne dans la zone située entre la plage de sable noir et le motu en face.
Un des grands avantages de l’île, c’est de fournir un robinet d’eau douce, voire même une douche, aux abords de toutes les plages et de tous les spots. Sur la plage de la pointe Vénus, il y avait des douches, ici, c’est un tuyau qui nous permet de tout rincer, nous-mêmes et le matériel. Que demander de plus ? Un peu d’ombre peut-être… Oui, je sais, je suis exigeante. Les deux tables de pique-nique se retrouvent facilement en plein soleil, tout comme le reste de la zone pour gréer, un vaste carré d’herbe humide. Les quelques arbres sont clairsemés et il est difficile de se trouver un coin protégé. On fait avec, le spot est déjà bien aménagé, il y a même une école sur place, qui peut aussi réparer les ailes en mauvais état.
On parle plus des conditions pour naviguer sur ce spot dans notre post « Le kitesurf dans les îles de la Société, quand on voyage en voilier ».
Papenoo et ses plages de surf
La barrière de corail a disparu le long de cette côte soumise à la houle et aux assauts du large. Les spots de surf s’égrènent vers l’est sur des kilomètres et des kilomètres, parfaits même pour débuter car les vagues déroulent sur du sable. Des conditions assez rares finalement en Polynésie française : en ce qui concerne le surf, la majorité des endroits propices sont des spots de récif, aux abords des passes des lagons.
Nous avions cette fois-ci prévu le coup et emmené notre planche avec nous, en revenant dans les parages avec des amis, dans leur voiture à eux. Quelques essais peu fructueux : je suis vraiment une débutante… Damien arrive tant bien que mal à se mettre debout, mais moi, j’ai à peine la condition physique pour ramer, passer les premières vagues du bord et retourner ma planche dans l’axe. Une fois mon orientation parfaite, devant une vague semble-t-il très correcte, un rouleau de mousse idéal pour débuter, je pagaie pour me lancer et crame alors mes dernières forces. Résultat : je n’arrive plus à pousser pour me mettre debout. Mon cerveau réfléchit trop, je m’emmêle dans les mouvements. Parfois, je me retrouve à genoux, je ne sais pas trop comment…
Bref, un sport difficile, (très) physique et ingrat. Ingrat car on passe énormément de temps dans l’eau, on se fait brasser dans les vagues, on boit la tasse, on s’épuise vite. Et puis, même les bons en fin de compte semblent rester dans l’eau des heures pour seulement une dizaine de secondes debout sur leur planche. Sans parler de l’ambiance très relative sur les spots entre locaux et visiteurs. Ici, à Papenoo, pas de problème, la plage est grande, il y a de la place pour tout le monde. Mais nous avons des amis qui sont allés surfer sur des passes beaucoup plus prisées, et cela devient vite une guerre pour prendre la meilleure vague… Pas très engageant, même si partout pareil dans le monde apparemment.
Je ne compte pas renoncer pour autant, Damien non plus, nous retenterons l’expérience. Un jour, je saurais me lever, c’est certain ! Mais pour cela, pas de mystère, encore plus que le kitesurf où une semaine suffit pour maîtriser les bases, le surf ne s’apprend pas en un jour. Et ici, à Tahiti, en vivant sur un bateau, les spots pour débutants sont très rares (puisque Papenoo n’est accessible qu’en voiture). Tant pis, nous aurons bien le loisir de continuer notre apprentissage dans une autre destination !
Le Trou du Souffleur
Toujours plus loin vers l’est, on tombe sur une curiosité géologique à même la falaise, juste après un petit tunnel. Il suffit de se garer sur le parking mis à disposition et de remonter à pied le chemin qui longe le rivage, Arohoho, « la route qui hurle ».
Là, la puissance de l’océan se révèle dans toute sa splendeur. L’eau s’engouffre dans une cavité sous les falaises, un lavatube formé il y a plusieurs millions d’années, et ressort comprimée tel un geyser par un trou dans la roche. Le bruit est encore plus impressionnant que le souffle en lui-même !
Cascades de Faarumai
Quelques centaines de mètres après le Trou du Souffleur, on trouve côté terre cette fois-ci une petite route qui s’enfonce dans la vallée, et mène jusqu’aux trois cascades de Faarumai. Nous nous garons encore une fois sur un parking avant de rejoindre à pied la première cascade. Toute proche, ce n’est pas du tout difficile pour s’y rendre et on tombe alors nez à nez avec une belle chute d’eau qui dévale avec fracas la pente abrupte de roches brunes et grises.
En revanche, aucune idée d’où part le sentier pour rejoindre les deux autres, pas de panneau qui indique leur direction. Nous n’avons pas non plus beaucoup insisté, pas partis non plus pour une grande balade dans la forêt.
Voilà, c’est terminé pour cette belle côte est, riche en lieux à visiter, à admirer et pour se dépenser. Et encore, nous ne les avons pas tous fait ! Comme quoi, l’île de Tahiti n’est vraiment pas à retirer d’un séjour en Polynésie, elle a beaucoup de choses intéressantes et diversifiées à offrir. Ne manquez pas nos articles, toujours sur cette impressionnante et majestueuse île polynésienne : Papeete sa capitale, sa côte ouest bien entendu et bientôt, celui sur sa presqu’île – Tahiti Iti – beaucoup plus sauvage et isolée !
Superbe aventure !