Après une quinzaine de jours mouillés devant l’îlet du Gosier, il est temps de reprendre la mer. Nous avons bien profité de ce que la Guadeloupe a à offrir sur terre, nous aspirons maintenant à retrouver la tranquillité et la vie paisible des mouillages, rythmée surtout par les envies de snorkeling !
Navigation autour de l’île de Basse-Terre
Pas trop de surprise lors de notre navigation autour de l’île volcanique de la Guadeloupe. Nous sommes juste derrière un grain qui avance en même temps que nous, on le voit passer sur les Saintes puis sur la pointe sud de l’île. Évidemment, quand nous tournons cette pointe au niveau de Vieux Fort, pour remonter la côte sous le vent, on finit par se le prendre dessus ! La pluie s’abat violemment sur le bateau, rendant l’ambiance plutôt morose. La petite crique de l’Anse à la Barque apparaît mais elle semble pleine à craquer. C’était notre première option, nous préférons alors continuer jusqu’à la baie de Malendure, ce qui ne prendra guère plus de temps.
Il fait beau sur les Saintes après le grain…
Par contre, c’est très menaçant de l’autre côté !
Plongée sous-marine au cœur d’une épave engloutie
Juste après l’Anse à la Barque, nous apercevons la crique des Trois Tortues, là où nous avions fait de la plongée sous-marine avec Morgane, la sœur de Damien. C’était pendant nos premiers jours dans l’archipel guadeloupéen. Nous avions très envie de descendre sur une épave et Morgane, fan de plongée depuis plus d’un an, avait pas mal de bonnes idées pour nous ! Elle nous a emmené dans l’un de ses clubs favoris, Rand’eau, dans cette fameuse petite crique des Trois Tortues et a réservé à l’avance une sortie sur l’épave de l’Augustin Fresnel. C’est un grand bateau de 53 m de long, datant des années 40, qui a été coulé en 2003.
Nous partons à deux palanquées avec les moniteurs du club, très sympathiques. L’épave est à une trentaine de mètres de fond, première fois que nous plongerons aussi profond ! Descente en pleine eau, puis arrivée au-dessus du navire. Deux magnifiques énormes anges gris, que Morgane dit voir à chaque fois (ce n’est pas la première fois qu’elle plonge ici), nagent près du fond. On aperçoit également des grosses langoustes sous la coque du bateau. Après être passé sous les hélices, on remonte la coque pour entrer dans le pont inférieur de l’épave ! Le moniteur nous prête sa lampe-torche et c’est parti pour se suivre à la queue leu leu dans les dédales des cabines et anciens couloirs du bateau. Il fait sombre, il ne faut pas se perdre, le silence règne évidemment. C’est mystérieux, légèrement oppressant, on se croirait revenu dans le passé, dans les souvenirs du lieu. Il faut surtout bien s’équilibrer, avec le gilet ou ses poumons, pour éviter de toucher les parois. Ce qui ne manque quand même pas de m’arriver (c’est très étroit!) et je salis bien les manches de ma combi…
Après 35 min environ de plongée, il est temps de remonter à la surface. De beaux souvenirs pour cette première épave, ça change tellement des plongées que nous avons pu faire auparavant ! Dommage, il n’y avait pas de trésor à ramener:)
Snorkeling dans la réserve Cousteau
Nous mouillons en fin d’après-midi à Malendure, au nord de la baie, bien rincés par la pluie. Surprise, on reconnaît Tabernac, déjà à l’ancre. Après un rapide coucou à Cyril et Toa (et une promesse d’apéro pour le lendemain), on place notre ancre non loin de leur voilier.
Le lendemain, c’est sortie palmes, masque, tuba. On veut profiter de la réserve ! En effet, nous sommes au cœur de la réserve Cousteau, qui comprend la baie face à la ville de Bouillante et les deux îlets Pigeon. On file en annexe se mettre sur une bouée au nord des îlets. Il y en a quelques-unes de disponible pour des voiliers tout autour mais surtout pour les clubs de plongée. A peine immergés dans l’eau, on en prend plein les yeux. On croise des bancs de grosses carangues, des gros orphies (tout est gros ici en fait!), des balistes noirs, des poissons-coffres trop mignons, des poissons-papillons… Les perroquets multicolores sont plus long que nos avant-bras ! Ils sont magnifiques, on croirait qu’ils se sont plongés dans des pots de peinture. Et peu farouches, on pourrait les attraper à la main. Heureusement (et dommage en même temps) qu’on a pas le droit de pêcher dans la réserve ! C’est d’ailleurs pour ça que les poissons peuvent autant se développer.
On aperçoit aussi quelques barracudas, beaucoup trop grands pour qu’on ait envie de s’approcher trop près d’eux. D’ailleurs, quand Damien nage non loin de l’un d’entre eux, le poisson se met à claquer sa mâchoire ! Pas bon signe^^
En faisant le tour des deux îlets, on verra une petite tortue nager entre les rochers. Mais c’est au mouillage, non loin de la plage, qu’il y en a le plus ! L’une d’elle viendra respirer à la surface non loin de moi, je ne m’en lasse pas !
Une belle petite soirée s’annonce ensuite à bord de Manwë, en compagnie de l’équipage de Tabernac : Cyril, Toa et un de leur passager Thomas. Échanges d’anecdotes et de conseils sur les escales des Antilles mais pas que, car Thomas a navigué longuement sur de nombreuses eaux et nous raconte ses périples.
Mouillage devant Deshaies et retrouvailles avec la famille de Damien
On en avait entendu parler de Deshaies depuis notre arrivée ! Ce sera notre dernière étape ici en Guadeloupe. A peine arrivés, Pierre et Jeannick, le grand-oncle et la grand-tante de Damien (que nous avions déjà été voir quelques jours auparavant), nous invitent à nouveau chez eux pour partager un excellent dîner. Jeannick nous a préparé un délicieux plat local, le migan, à base de fruits à pain, de porc et d’épinards. Le tout est cuit longuement dans une sauce, ce qui rend les morceaux de fruits à pain très fondants. La recette originale comprend également des queues de porc (!!). Jeannick en a ajouté, plus pour le folklore qu’autre chose, mais on y goûtera quand même. Pas grand-chose à manger dessus !
Le repas se termine par de très bons desserts, flan coco et gâteau au chocolat maison !:) On se régale toujours autant et nous passerons donc ces quelques jours bien entourés.
On en profite pour récupérer plein de noix de coco fraîches !
Après une pêche infructueuse autour du bateau (la taille des poissons n’a rien à voir avec ceux de la réserve plus au sud, impossible de les tirer au harpon), Pierre nous emmène chasser les mangues ! Un manguier plus ou moins abandonné sur une petite route offre ses nombreux fruits à ceux qui connaissent le lieu. On repart chargé, espérant que toutes les mangues ne mûriront pas en même temps ! Pierre nous emmène ensuite voir la longue plage de Grand Anse, très belle avec son sable doré. Et elle n’a pas de sargasses ! Elle et sa voisine, la plage de La Perle sont réputées en Guadeloupe. Nous n’irons pas plus en profiter mais se poser là en après-midi doit être plutôt agréable…
Plage de Grand Anse
On se promène rapidement dans le petit village de Deshaies, tout simplement parce qu’il n’y a que deux rues dans le bourg. Mais il a son charme, contrairement à certains autres villages de Guadeloupe. Nous sommes invités au restaurant par Pierre et Jeannick sur le bord de mer. Damien peut enfin goûter au poisson-lion ! Cette espèce invasive, libérée suite à l’explosion d’un aquarium en Floride, menace l’écosystème des Antilles. Le poisson en question a des épines très venimeuses et très dangereuses. Mais si on sait le préparer correctement, sa chair est fine et très bonne. Autant ne pas s’y risquer soi-même (même si les plongeurs sont quasiment invités à les tuer) et attendre d’en trouver servi à la carte.
Coucher de soleil sur le mouillage de Deshaies.
Puis, petit-déjeuner à bord de le lendemain !
On ne remerciera jamais assez Pierre et Jeannick pour leur accueil, chez eux ou en dehors, et pour leur cuisine délicieuse. Ça fait vraiment plaisir d’avoir appris à les connaître ! Mais il est temps désormais de poursuivre notre route, nous avons encore tellement de choses à découvrir ! Départ donc à l’aube pour l’île d’Antigua !
Tour du Grand Cul de Sac Marin
En naviguant au large de l’île, dépassant les îlots Kahouanne et Tête à l’Anglais, on devine la barrière de corail qui créé un immense lagon entre la pointe nord de Basse-Terre et celle de Grande-Terre. Cet espace peu profond, où règne bancs de sable, mini-îlots et mangrove, se nomme le Grand Cul de Sac Marin.
Morgane nous avait dit qu’il était impensable de quitter l’île sans avoir parcouru le lagon… Ça, et aller aussi à Petite-Terre, ce que nous avons fait lors de nos premières semaines dans l’archipel.
On peut s’y balader en louant un canot à moteur ou tout simplement en prenant une excursion toute faite, au départ de la marina de Bas du Fort ou de Sainte Rose. C’est la dernière option que nous avions choisie, en réservant auprès de « Marie-Laure et Jordan excursions ».
Nous sommes donc partis en bateau à moteur, conduit par Jordan, en compagnie de 4 autres touristes. Par chance, nous étions tombés sur une magnifique journée ensoleillée, à peine un nuage à l’horizon ! Premier stop : la barrière de corail. Jordan nous laisse 15 min pour nager au-dessus des récifs et du sable blanc. C’est express et bien rodé mais il n’y a pas tant de choses à voir non plus. Le corail est abîmé et les poissons peu présents. Mais l’eau est tellement bonne, c’est très agréable de s’y baigner !
Second stop : une épave, qui avait coulé il y a longtemps suite à un cyclone. On y retrouve d’autres bateaux qui font le même tour que nous. Eh oui, le Grand Cul de Sac Marin, c’est assez touristique ! Rien qu’à Sainte Rose, il y avait bien une dizaine d’excursions possibles proposant le même genre de promenade. Comme l’épave est peu profonde, on peut facilement tourner autour et aller voir sous la coque. Interdiction par contre de rentrer dedans, ce sera assez dangereux de toute manière de se faufiler entre les espaces de métal. Pour le coup, les poissons sont beaucoup plus nombreux et plus impressionnants autour du bateau !
Troisième étape et la plus attendue, l’arrêt sur l’îlet Caret. Autrefois parsemé de cocotiers et de carbets, il n’y a quasiment plus que du sable maintenant. Un seul carbet en bois reste fièrement dressé au centre de l’îlet, et surprise, c’est celui appartenant à Jordan et Marie-Laure ! Cette dernière vient nous accueillir près de l’eau, avec un sourire jusqu’aux oreilles et une bonne humeur très contagieuse. En attendant une dégustation très prometteuse, on se promène sur les quelques mètres de sable blanc que forme la minuscule île. Nous sommes loin d’être les seuls, entre les autres bateaux-excursions qui installent leurs passagers sur les tables de pique-nique dispersées sur la plage, les bateaux loués par les particuliers et les quelques kitesurfeurs venus profiter du lieu, il faut se trouver son petit coin de sable pour se poser…
Mais l’endroit garde un certain charme, il faut dire que les couleurs du paysage sont paradisiaques. Sable si blanc qu’il en fait mal aux yeux, mer turquoise, soleil resplendissant, profondeur d’eau d’à peine 1 m sur plusieurs longueurs… c’est beau, on ne peut pas le nier ! Marie-Laure nous appelle, on prend tous place sous le carbet, à l’abri du soleil. A disposition, oranges et melon guadeloupéen (un régal ces melons) ainsi qu’un quatre-quart maison. Et pour les boissons, au choix (mais tout à base de rhum évidemment) : ti-punch, punch ou planteur ! Avec quand même un jus de fruits simple au cas-où…^^
On se laisse porter par les récits de Marie-Laure, qui nous conte les coutumes de son île et leurs origines. On est en plein week-end de Pâques et la tradition pour les Guadeloupéens est de le passer à camper sur la plage, en famille et entres amis, au rythme du soleil et de la musique. Elle nous explique également la différence entre toutes les boissons qu’elle nous propose, en veillant à utiliser les bons termes !
– Le ti-punch est ce petit cocktail tout simplement à base de rhum pur (blanc, ambré ou vieux, mais c’est meilleur avec du vieux) mélangé à un quart de citron vert et à du sucre de canne. Sucre soit en cristaux, soit liquide (pour ça, le sirop appelé « sirop de batterie » et directement acheté en distillerie est le meilleur), soit remplacé par du miel.
– Le punch est quasiment aussi fort, 40° environ. C’est un mélange de rhum avec des morceaux de fruits, par exemple bananes, ananas, maracuja… On peut les laisser mariner tels quels ou les mixer. On peut aussi ajouter des épices, comme de la cannelle. L’appellation « rhum arrangé » ne veut rien dire pour les Guadeloupéens car elle n’est pas originaire de l’île. Même si nous en métropole, on connaît mieux le punch sous ce nom.
– Le planteur est plus dilué, environ 20°. C’est du rhum mélangé à du jus de fruits, souvent ananas ou goyave. Attention, Marie-Laure nous a bien dit que la vraie recette, ce sont des jus de fruits frais et non des jus achetés en commerce déjà faits:)
Nous repartons de l’îlet Caret après ces quelques verres, pour notre dernier stop dans le Grand Cul de Sac, près de la mangrove, où Jordan nous décrit à la fois la faune et la flore des petites îles. Puis, retour à Sainte Rose, encore une belle activité cochée sur la liste des choses à faire en Guadeloupe !
Note : L’excursion dure de 13h à 17h environ et cette demi-journée coûte 38€ par personne, en comprenant la collation offerte sur l’îlet Caret. Il est possible de réserver à la journée, pour 60€ par personne, avec cette fois-ci barbecue le midi. A vrai dire, une après-midi suffit…