Nous sommes au nord d’Hiva Oa, la grande île du sud des Marquises. On aspire à bouger, il est temps de rejoindre le nord de l’archipel. Mais un choix s’impose. L’île de Ua Pou pour tenter de rejoindre nos amis du voilier Dir Na Dor ? L’île de Nuku Hiva pour trouver du wifi ? Ou l’île de Ua Huka, hors des sentiers battus ?
Ua Pou, on y passera mais plutôt en partance vers les Tuamotus. Et on ne sait pas exactement où se situent nos amis Anna & Lucas. Nuku Hiva, on a besoin d’y aller pour internet, mais on compte y passer pas mal de temps aussi. Alors que Ua Huka, c’est maintenant ou jamais !
Eh oui, y revenir depuis Nuku Hiva ou Ua Pou est quasiment mission impossible, car face au vent. Ses mouillages ne seraient pas bien orientés ni confortables en plus. Autant de raisons qui la rendent moins populaire auprès des plaisanciers que les autres îles habitées de l’archipel.
Mais nous, on se laisse tenter ! On a (un peu) envie de toutes les faire, ces 6 îles habitées des Marquises. Il y en a 14 en tout mais les autres sont désertes, voire des simples cailloux, pas du tout propices aux voiliers. Alors c’est parti, on lève l’ancre vers 21h00 pour la petite Ua Huka !
Une navigation de nuit s’annonce en effet, notre première depuis la transpacifique. Aucune envie de s’y remettre d’ailleurs, ni Damien ni moi n’est vraiment motivé. Mais l’île est trop éloignée pour espérer l’atteindre sur une journée, avant le coucher du soleil. C’est au moteur qu’on amorce alors ce trajet, le vent s’est orienté sud-est et reste longtemps caché par Hiva Oa. Les vagues, par contre, sont présentes dès le début. On se fait rouler dans tous les sens par une houle restante d’est et par les nouvelles vagues de vent de sud-est. Bref, le gros bazar !
Le vent monte petit à petit et on peut enfin avancer à la voile. La nuit sera longue pour moi, je n’arrive pas à trouver le sommeil pendant mes quarts et je suis malade quand c’est mon tour d’être dehors. Trop dur de trouver le rythme en une nuit ! Surtout quand on sait qu’on se dirige vers des mouillages potentiellement rouleurs…
Euh, t’es sûr de vouloir rester ici ?
On devine Ua Huka bien avant l’aurore, on aura bien gérer notre vitesse finalement car nous y arrivons au petit matin. D’abord, on tente au sud la baie de Hane, dominée par un majestueux rocher triangulaire. On renonce vite, la houle longue, orientée sud-est, rentre à fond dans la baie.
Deuxième essai, la baie de Vaipee, un peu plus à l’ouest. On croise les doigts, après il n’y a qu’un troisième mouillage ici, sinon il faudra tracer sur Nuku Hiva. 30 milles de plus pour la grande île au nord-ouest mais ce serait vraiment dommage de renoncer maintenant !
On se faufile dans la baie très étroite, c’est à la fois étrange et amusant de se retrouver si proches des falaises. On se croirait revenu dans les calanques des îles Baléares ! Mais même si la baie s’enfonce assez loin dans les terres, la houle arrive à se glisser jusqu’au bout elle aussi. Ça n’a pas l’air très confortable, on hésite un peu.
On s’installe finalement face au vagues, ancre avant et ancre arrière, dans 4 m d’eau. On est le seul voilier de toute manière, on peut se mettre où on veut. Allez, on débarque, il ne s’agirait pas non plus de s’éterniser ici, autant aller profiter de la terre ! On grimpe dans l’annexe et c’est parti à la rame pour rejoindre le grand quai assez proche.
Note : On pensait débarquer sur la plage au fond de la baie mais heureusement qu’on ne l’a pas fait, n’oubliez pas les marées ici ! La mer recouvre entièrement la plage à marée haute.
Rien que pour les paysages, ça vaut le coup !
A peine les pieds au sol, on prend enfin le temps d’admirer les alentours. Et on est tout de suite époustouflé par le paysage, les couleurs des reliefs et de la vallée ! Ça ne ressemble pas du tout à ce qu’on a vu jusqu’ici. On se croirait plutôt au Maroc ou même au cœur des étendues arides des États-Unis.
Quand on regarde depuis la terre ferme, ça paraît toujours plus calme. Mais Manwë sautait joyeusement – ou pas – dans les vagues ! On n’a même pas envie de se baigner par ici, trop de sédiments dans l’eau ce qui la rend trouble.
Rien que cette première vision de l’Ua Huka nous enchante. On est bien content finalement d’avoir pousser jusqu’ici, d’avoir eu la motivation de venir s’ancrer sur cette île plus isolée. On se dirige dans la vallée, vers le village principal de Vaipee. Aussitôt, on se retrouve entouré de végétation, arbres fruitiers et cocotiers. Les vallées restent fertiles, oasis enclavées entre les sommets arides. Si la terre est aussi sèche sur les hauteurs, c’est que l’île est plus basse que ses voisines marquisiennes, les nuages ont tendance à moins s’y accrocher.
Le village est paisible, fleuri, serpentant tout en longueur dans la vallée. On marche sur la route, sans vraiment savoir où nous allons. Après une petite montée et un tournant sur la droite, on arrive à une fourche où un chemin part en descente sur la gauche. Encore quelques habitations et on se retrouve vite en pleine nature.
Quel plaisir d’évoluer ensuite à l’ombre de la cocoteraie, dans le calme, avec pour seule compagnie des chevaux de temps en temps qui ne font même pas attention à notre passage. On aimerait rentrer au village par une boucle mais d’après le GPS, on s’enfonce plutôt à travers l’île vers le nord.
On croise un cavalier qui nous confirme que le sentier revient bien à Vaipee, mais la boucle est encore très longue. Lui se dirige vers sa plantation de cocotiers de l’autre côté des versants, pour aller en récupérer la coprah. On préfère rebrousser chemin, non sans lui avoir demandé si la rumeur est toujours vraie : « y-a-t’il toujours plus de chevaux sauvages que d’habitants sur cette île? » Malheureusement non, il nous répondra qu’à cause de la sécheresse environnante, surtout sur la côte nord-est, les chevaux dépérissent et sont de moins en moins nombreux…
Retour au village puis au bateau, on n’a aucune envie de remonter à bord se faire secouer dans le violent clapot. Pas le choix, il est trop tard pour espérer rejoindre Nuku Hiva aujourd’hui. On prend notre mal en patience jusqu’au lendemain matin. Et surtout on ne regrette rien, la promenade à terre en valait franchement la peine !
Bonjour
J’ai lu votre blog avec beaucoup d’intérêt, et nous suivons la même route avec l’intention de vendre le bateau en Polynésie.
Avez vous eu du mal à vendre le votre ?
Merci de votre retour
Philippe
bonjour
cela fait 6 mois que je ne reçoit plus vos écrits
que ce passe-t’il ?
michel
Bonjour,
Nous avons quitté les Marquises il y a deux mois, notre dernier article date de cette période. Nous sommes dans les Tuamotus et même si c’est magnifique ici, on peut dire que c’est le pire endroit pour internet depuis le début de notre voyage 🙂 Nous reposterons des articles une fois arrivés sur Tahiti fin août… A bientôt !